Avec ce disque en quintet, Didier Levallet propose une lecture jazz d’une exceptionnelle limpidité. Un disque remarquable dans la forme comme sur le fond.

Didier Levallet Quintet – Voix croisées – Frémeaux & associés

Homme discret, mais tout acquis à la noble cause du jazz, Didier Levallet en est l’un de ses plus brillants représentants. Son parcours de défricheur l’a conduit à jouer avec les musiciens les plus réputés, à diriger l’Orchestre National de Jazz, mais aussi de briller en trio.

Son dernier opus adopte la forme du quintet, mais dans une structure pas si académique que cela. Et, ô bonheur, la section mélodique est 100% féminine, ce qui lui confère certainement ce surcroît de sensibilité. Airelle Besson (trompette), Sylvaine Hélary (flûte, flûte alto, flûte basse, piccolo), et Céline Bonacina (saxophones alto & baryton), épaulent remarquablement Didier Levallet (contrebasse) et François Laizeau (batterie).

Le résultat est d’une diabolique efficacité, tant lorsque le quintet affiche une maîtrise mélodique et rythmique d’une pureté absolue (Antigone’s choice), que lorsqu’il s’emballe dans des élans dynamiques débridés (La jetée). Après la révélation « orTie », et dans un genre assez différent, voilà la seconde perle de la rentrée.

Enregistré par Quentin Fleury et Vincent Mahey, mixé par Philippe Abadie et Didier Levallet, et enfin masterisé par Philippe Abadie, le disque propose un son particulièrement réussi. Philippe Abadie avait déjà œuvré in extenso sur orTie, ceci explique peut-être cela…

En tous les cas, « Voix croisées » offre un son d’une finesse et d’une ampleur de grande classe. Contrairement à certains enregistrements très « léchés » mais un peu aseptisés, on ne note aucune entrave à l’expression de la dynamique. Aucune inertie n’est à déplorer. Sur un bon système la bande passante s’affranchit des barrières avec un vrai grave tendu et profond, et une très belle nervosité. L’image est fluide, avec une sensation d’aération qui met en valeur les perspectives.

Dites donc, saviez-vous que Didier Levallet est aussi audiophile ? Quand vous aurez écouté son disque, vous l’aurez certainement compris…